Blog

C’est une angoisse fréquente et légitime. Beaucoup de personnes pensent à tort que lors d’une succession sans héritier direct (c’est-à-dire sans enfants ni conjoint marié), l’État s’empare automatiquement et immédiatement de l’intégralité du patrimoine. C’est une idée reçue tenace qui génère beaucoup d’inquiétude, mais qui est juridiquement fausse ! 😟

En réalité, ne pas avoir de descendants vous place dans une situation juridique paradoxale : vous êtes dans une situation de grande liberté, bien supérieure à celle d’un père ou d’une mère de famille ! 🕊️

Cependant, cette liberté est à double tranchant. Si vous n’organisez rien de votre vivant, la loi appliquera une mécanique froide et stricte qui pourrait désigner des cousins éloignés que vous connaissez à peine, ou laisser votre patrimoine en déshérence.

Organiser sa transmission est donc indispensable pour que vos biens profitent réellement aux personnes (amis, concubin) ou aux causes qui vous sont chères. Pour ce faire, il faut comprendre les règles du Code civil. 📜

Que dit la loi si je ne prépare rien ? (La Dévolution Légale) ⚖️

En l’absence de testament, c’est la loi qui « écrit » votre succession à votre place. C’est ce qu’on appelle la dévolution légale. Le notaire va devoir rechercher vos héritiers selon un ordre de priorité strict, appelé « ordres et degrés ».

🌳 L’ordre des héritiers (Article 734)

Même si vous pensez être « sans famille », la loi a horreur du vide. Elle va chercher des parents parfois très éloignés. Voici l’ordre de priorité impératif défini par le Code civil :

Article 734 du Code civil :

« En l’absence de conjoint successible, les parents sont appelés à succéder ainsi qu’il suit :

1° Les enfants et leurs descendants ;

2° Les père et mère ; les frères et soeurs et les descendants de ces derniers ;

3° Les ascendants autres que les père et mère ;

4° Les collatéraux autres que les frères et soeurs et les descendants de ces derniers.

Chacune de ces quatre catégories constitue un ordre d’héritiers qui exclut les suivants. »

Concrètement, cela signifie que si vous n’avez ni enfants (1er ordre), ni parents, ni frères et sœurs (2ème ordre), la loi ira chercher vos grands-parents (3ème ordre) ou, plus fréquemment, vos collatéraux ordinaires (4ème ordre). 🧐

Cela inclut les oncles, tantes, et surtout les cousins et cousines jusqu’au 6ème degré. Il est fréquent de voir des héritages revenir à des cousins issus de germains que le défunt n’avait jamais rencontrés !

🏛️ Quand l’État hérite-t-il vraiment ? (Article 809)

Contrairement à la rumeur, l’État n’intervient qu’en dernier recours absolu. Il ne récupère votre patrimoine que si la succession est officiellement déclarée « vacante ».

Article 809 du Code civil :

« La succession est vacante :

1° Lorsqu’il ne se présente personne pour la réclamer et qu’il n’y a pas d’héritier connu ;

2° Lorsque tous les héritiers connus ont renoncé à la succession ;

3° Lorsque, après l’expiration du délai pour opter, les héritiers connus n’ont pas opté, de manière tacite ou expresse. »

Ainsi, « ne rien faire », ce n’est pas donner à l’État : c’est prendre le risque de transmettre votre patrimoine à une famille éloignée avec laquelle vous n’avez aucun lien affectif. 🚫12

L’absence de réserve héréditaire : Une liberté totale 🔓34

Le principal avantage d’une succession sans héritier réservataire (c’est-à-dire sans enfants) est la marge de manœuvre dont vous disposez.

En droit français, les enfants sont des héritiers « réservataires » : on ne peut pas les déshériter totalement. Mais si vous n’avez pas d’enfant, ce verrou saute ! 🎉

💯 La fin de la réserve des parents

Il est important de noter qu’autrefois, les parents (père et mère) étaient réservataires. Ce n’est plus le cas depuis la réforme des successions entrée en vigueur en 2007. Aujourd’hui, en l’absence d’enfant et de conjoint, votre quotité disponible est de 100 %.

Article 912 du Code civil :

« La réserve héréditaire est la part des biens et droits successoraux dont la loi assure la dévolution libre de charges à certains héritiers dits réservataires, s’ils existent.

La quotité disponible est la part des biens et droits successoraux qui n’est pas réservée par la loi et dont le défunt a pu disposer librement par des libéralités. »

❤️ Choisir ses bénéficiaires librement

Puisque la totalité de votre patrimoine constitue votre « quotité disponible », vous avez le pouvoir absolu de décider du sort de votre maison 🏠, de vos comptes bancaires ou de vos objets de valeur. Vous pouvez choisir de tout transmettre à :

  • Votre partenaire de PACS ou concubin : Attention, sans testament, le partenaire de PACS et le concubin sont considérés comme des étrangers par la loi et n’héritent de rien. 💔
  • Un ami proche : Celui ou celle qui vous accompagne au quotidien. 🤝
  • Une association ou une fondation : Pour soutenir une cause qui vous tient à cœur (recherche médicale, protection animale, patrimoine, etc.). 🎗️

Les outils indispensables pour agir 🛠️

La simple parole donnée ne suffit pas. En droit des successions, l’écrit est roi. Pour activer votre liberté, vous devez utiliser des outils juridiques précis.

✍️ Le testament olographe : Simple mais strict (Article 970)

C’est l’outil le plus courant. Il permet de désigner un légataire universel (qui reçoit tout) ou des légataires particuliers (qui reçoivent un bien précis, comme un tableau ou un bijou).

Il est valide sans notaire, à condition de respecter scrupuleusement l’article 970 du Code civil.

Article 970 du Code civil :

« Le testament olographe ne sera point valable s’il n’est écrit en entier, daté et signé de la main du testateur : il n’est assujetti à aucune autre forme. »

⚠️ Attention aux pièges fréquents :

  1. L’écriture : Un testament tapé à l’ordinateur, même signé à la main, est nul. Il doit être entièrement manuscrit.
  2. La date : Elle est essentielle pour vérifier votre capacité au moment de l’écriture ou pour déterminer quel est le dernier testament en date. 📅
  3. La clarté : Des formules ambiguës comme « Je lègue mes affaires à mon ami Pierre » peuvent bloquer une succession. Il faut être précis (identité complète, désignation des biens).

👨‍⚖️ L’exécuteur testamentaire : Pour gérer l’après (Article 1025)

Quand on n’a pas de famille proche, une question pratique se pose : Qui va gérer les papiers, vider l’appartement et s’assurer que mes volontés sont respectées ?

Le Code civil vous permet de désigner une personne de confiance pour veiller à la bonne exécution de vos volontés : l’exécuteur testamentaire.

Article 1025 du Code civil :

« Le testateur peut nommer un ou plusieurs exécuteurs testamentaires. […] Ils veillent à l’exécution du testament. Ils peuvent prendre les mesures conservatoires utiles à la bonne exécution du testament. »

C’est une sécurité supplémentaire pour vous assurer que votre légataire universel (par exemple une association) respectera bien ses engagements. ✅

Anticiper la fiscalité : Le choc des 60 % 💸

Si le Code civil vous offre la liberté civile, le Code Général des Impôts impose une réalité économique brutale. Transmettre à des « non-parents » coûte cher.

📉 La taxation entre tiers

Si vous léguez vos biens à un ami, à votre concubin (sauf s’il est pacsé et désigné par testament) ou à un parent éloigné (au-delà du 4ème degré), l’État prélève des droits de succession massifs.

Le taux applicable est de 60 % sur la valeur nette des biens transmis, après un abattement dérisoire de 1 594 €.

  • Exemple concret : Vous souhaitez léguer un appartement d’une valeur de 200 000 € à votre meilleure amie.
    • L’État prélèvera environ 120 000 €. 😱
    • Votre amie ne recevra finalement que 80 000 € (et devra peut-être vendre l’appartement pour payer les droits si elle n’a pas les liquidités).

📈 La solution Assurance-Vie

Pour contourner cette fiscalité confiscatoire, l’assurance-vie est incontournable. Elle permet de transmettre des capitaux « hors succession ».

Pour les sommes versées avant vos 70 ans, chaque bénéficiaire désigné profite d’un abattement de 152 500 € totalement exonérés d’impôt. Au-delà, la taxation est de 20 % (puis 31,25 %), ce qui reste bien plus doux que les 60 % des droits de succession classiques.

🎁 Le legs à des associations

Une autre solution pour donner du sens à votre patrimoine sans qu’il soit absorbé par l’impôt est le legs à des associations reconnues d’utilité publique. Ces organismes sont totalement exonérés de droits de succession.

Vous pouvez même mettre en place un « legs avec charge » : vous léguez tout à une association (sans impôt), à charge pour elle de reverser une somme nette d’impôts à un proche. L’association paie les droits à la place de votre ami, garde une partie pour sa cause, et votre ami reçoit sa part nette. Tout le monde est gagnant, sauf le Trésor Public ! 😉

En conclusion, ne pas avoir d’héritier direct est une opportunité de décider pleinement de votre empreinte future, mais cela ne s’improvise pas. Entre la rédaction manuscrite du testament, la désignation d’un exécuteur et l’optimisation fiscale, la rigueur est de mise. ✨

Pour sécuriser vos volontés, vérifier la validité de vos écrits et optimiser fiscalement votre transmission, n’hésitez pas à faire appel à notre cabinet d’avocats spécialisés en droit des successions. Nous vous accompagnerons pour rédiger un testament sur-mesure et inattaquable. 🤝

Omega Avocats Succession

Omega Avocats, Cabinet d'avocats spécialisé en succession à Paris, Lyon, Nice & Rennes