Quand une succession reste sans héritier identifié
Il arrive qu’au décès d’une personne, aucun héritier ne se manifeste, ou que ceux qui y ont droit renoncent à la succession. Dans ce cas, la succession est dite vacante ou en déshérence. Ces situations, bien qu’encadrées juridiquement, soulèvent de nombreuses interrogations : à qui reviennent les biens ? Est-il possible de les récupérer ultérieurement ? Quelles démarches entreprendre ?
Comprendre le fonctionnement de ces successions atypiques est essentiel pour les proches, les créanciers, les collectivités, mais aussi pour tout tiers concerné. Dans ces cas, l’assistance d’un cabinet d’avocats spécialisés en droit des successions permet d’anticiper ou de réagir efficacement et dans les délais impartis.
Succession vacante : définition et conditions ⚠️
La vacance successorale intervient lorsque, après un décès :
- aucun héritier connu ne se manifeste,
- tous les héritiers connus renoncent expressément à la succession,
- aucun testament ne désigne de légataire universel ou à titre universel,
- les recherches généalogiques ou publications officielles n’ont donné aucun résultat.
Le notaire chargé de la succession peut alors saisir le tribunal judiciaire compétent pour faire constater officiellement la vacance. Le juge désigne ensuite l’administration des Domaines (la Direction nationale d’interventions domaniales – DNID), qui prend la relève pour administrer provisoirement la succession.
Rôle de l’État dans la gestion des successions vacantes 🏛️
Une fois la vacance reconnue, l’État n’est pas immédiatement propriétaire des biens. Il intervient à titre de gestionnaire provisoire, dans l’intérêt de la conservation et de la liquidation du patrimoine.
Ses missions sont les suivantes :
- établir un inventaire des biens du défunt,
- assurer la conservation des immeubles (fermeture, entretien, sécurisation),
- payer les charges urgentes (factures, impôts locaux, frais funéraires),
- publier des actes de gestion au BODACC pour assurer la transparence,
- vendre les biens meubles ou immeubles si nécessaire pour régler le passif.
Cette administration peut durer plusieurs années, notamment en présence d’éléments à forte valeur ou difficiles à liquider. Tant que la succession n’est pas transmise définitivement à l’État, elle peut encore être réclamée par un héritier ou un créancier légitime.
La déshérence : quand les biens deviennent propriété de l’État 🏴☠️
La succession est dite en déshérence lorsque plus aucun héritier n’est retrouvé ou lorsque le délai pour se manifester est expiré. L’article 539 du Code civil prévoit alors que les biens « appartiennent à l’État comme biens vacants et sans maître ».
Les biens des personnes qui décèdent sans héritiers ou dont les successions sont abandonnées appartiennent à l’Etat.
– article 539 du Code civil
Ce transfert définitif intervient :
- après 30 ans sans manifestation d’héritiers,
- après épuisement de toutes les démarches de recherche,
- si tous les héritiers ont renoncé ou ne peuvent succéder.
Les biens devenus propriété de l’État peuvent alors être vendus, affectés à une collectivité, ou intégrés à des opérations d’aménagement public.
Quels recours pour récupérer une succession vacante ou déshéritée ? 🔁
1. Réapparition d’un héritier légitime
Un héritier peut être oublié, mal identifié ou tout simplement inconnu au moment du décès. S’il se manifeste avant l’écoulement du délai de 30 ans, il peut réclamer la succession vacante, sous réserve de prouver sa qualité d’héritier (acte de naissance, jugement d’adoption, preuve de filiation…).
2. Contestation de la vacance
Il est possible de contester l’état de vacance s’il est démontré que les recherches ont été incomplètes ou si des personnes ont été indûment écartées. Un avocat pourra alors saisir le tribunal pour faire réintégrer l’héritier au rang successoral.
3. Réclamation après déshérence
Même après que les biens ont été transférés à l’État, il est encore possible d’agir dans certains cas :
- Avant aliénation des biens : si aucun bien n’a été vendu, l’héritier peut en obtenir la restitution ;
- Dans un délai de 30 ans après le décès : c’est le délai légal d’extinction des droits successoraux.
⚠️ Au-delà, toute action devient irrecevable, et la succession est définitivement perdue.
Les créanciers face à une succession vacante 💸
Les créanciers du défunt peuvent exercer leurs droits, même en l’absence d’héritier :
- en déclarant leur créance à la DNID ;
- en sollicitant la désignation d’un curateur à la succession, dans certaines conditions (article 809 C. civ.) ;
- en engageant des procédures de recouvrement sur les actifs successoraux.
En pratique, il est souvent nécessaire de faire appel à un avocat pour suivre les procédures domaniales et s’assurer que les créances sont prises en compte selon leur rang.
Spécificités des biens concernés 🏠💍📚
Certains biens font l’objet d’une vigilance accrue lors d’une succession vacante :
- Biens culturels ou classés : transmis à l’État avec un régime spécial ;
- Comptes bancaires : gelés, puis intégrés à la liquidation domaniale ;
- Biens indivis : l’État ne peut gérer qu’à hauteur de la part du défunt ;
- Assurance-vie : ne dépend pas de la succession sauf absence totale de bénéficiaire désigné.
Un cabinet d’avocats en droit des successions pourra analyser ces particularités et entreprendre les démarches de conservation ou de contestation selon la nature des biens.
Successions vacantes et collectivités locales 🏘️
Les mairies peuvent parfois récupérer des biens issus de successions vacantes dans certaines conditions. Lorsqu’un immeuble est laissé à l’abandon, ou présente un danger, la commune peut demander sa cession au profit d’un usage public (logement social, espace public, voirie…).
Un avocat pourra accompagner la commune ou un particulier intéressé dans le cadre de cette procédure, qui obéit à un régime strict (ordonnance du 19 juillet 2006 et textes d’application).
Conclusion : un vide juridique seulement apparent 🧠
Les successions vacantes et en déshérence obéissent à des règles précises, mais permettent des recours dans de nombreux cas. L’oubli ou l’écartement d’un héritier n’est pas irrévocable. Les droits peuvent être réactivés si les démarches sont engagées à temps et selon la procédure prévue par la loi.
Pour éviter qu’un patrimoine familial ne disparaisse ou qu’un droit successoral ne soit éteint, l’assistance d’un avocat spécialisé est indispensable. Il permettra d’établir la qualité d’héritier, de structurer le recours, et de dialoguer efficacement avec l’administration des Domaines.
💬 Une succession vacante n’est pas une fatalité : c’est souvent un dossier oublié, qu’un conseil avisé peut réveiller.

