Les droits du conjoint survivant dans la succession
Des avocats spécialistes des successions
En présence d’un conjoint successible, c’est à dire d’un conjoint survivant non divorcé, la dévolution de la succession varie selon que le défunt a des descendants ou non.
En France, les droits du conjoint survivant dans la succession sont définis par le Code civil de manière précise et protectrice. Conjoint non divorcé, vous bénéficiez d’un statut d’héritier réservataire, auquel la loi accorde une part minimale de la succession. Votre part successorale dépendra principalement de l’existence de descendants ou d’ascendants du défunt, et seule une décision de divorce devenue définitive pourra vous priver de votre qualité d’héritier. C’est pourquoi il est essentiel de comprendre les différents mécanismes de la répartition légale et de connaître vos options avant de faire valoir vos droits.
En l’absence de descendants du défunt
Lorsque le défunt ne laisse aucun enfant, le conjoint survivant occupe une position particulièrement privilégiée au regard de la dévolution successorale.
Cas sans ascendants
Si ni descendants ni ascendants (père et mère) ne sont appelés à la succession, le conjoint survivant recueille la totalité du patrimoine. Dans ce cas de figure, aucun autre ordre d’héritiers n’est présent : vous êtes l’unique bénéficiaire, qu’il s’agisse des biens meubles, de la résidence principale ou du patrimoine financier. Cette règle garantit que, dans les familles sans enfants et dont les parents du défunt sont décédés, le conjoint ne se retrouve pas à l’écart de la transmission.
Cas avec ascendants
Lorsque le défunt laisse ses père et mère, la succession est partagée selon deux ordres d’héritiers :
- Les ascendants (père et mère) reçoivent conjointement la moitié du patrimoine, soit un quart chacun.
- Le conjoint survivant hérite de l’autre moitié.
Ainsi, la loi reconnaît à la fois l’attachement aux parents du défunt et la protection du conjoint survivant, en répartissant équitablement les parts entre ces deux catégories. Cette règle s’applique même si les parents vivent à l’étranger ou ne résident plus avec le défunt : leur droit à hériter est inaliénable dès lors qu’ils sont en vie.
En présence de descendants du défunt
L’existence d’au moins un enfant du défunt modifie en profondeur les droits du conjoint survivant dans la succession. Deux options sont mises à la disposition du conjoint survivant pour préserver au mieux ses intérêts.
Option d’usufruit de la totalité des biens
Si tous les enfants du défunt sont issus de l’union avec le conjoint survivant, ce dernier peut choisir d’opter pour l’usufruit de l’intégralité de la succession. L’usufruit lui permet de percevoir les revenus générés par les biens (loyers, dividendes, intérêts) sans en être nu-propriétaire. Les enfants deviennent nus-propriétaires et ne disposeront de la pleine propriété qu’à l’extinction de l’usufruit (généralement au décès du conjoint ou à l’arrivée d’un terme prévu). Cette option réserve au conjoint un confort de vie important tout en préservant le patrimoine des enfants.
Option de propriété du quart des biens
En alternative à l’usufruit total, le conjoint survivant peut opter pour la pleine propriété de 25 % des biens successoraux. Dans ce cas, il entre immédiatement en possession d’un quart de l’actif, tandis que les enfants se partagent le reste. Cette option est parfois privilégiée lorsque le conjoint souhaite hériter de liquidités ou de certains actifs mobiliers sans attendre l’extinction de l’usufruit. Elle peut aussi répondre à des impératifs fiscaux ou patrimoniaux particuliers.
Il est important de noter que l’option usufruit disparaît dès qu’un enfant du défunt est issu d’une autre union. Si l’un des descendants n’est pas commun aux deux époux, le conjoint ne peut alors exercer que l’option de propriété du quart des biens. Cette règle vise à protéger les intérêts des enfants nés hors du mariage et à garantir une équité successorale entre eux et le conjoint.
Conditions et cas particuliers
Plusieurs situations spécifiques peuvent influencer les droits du conjoint survivant dans la succession, qu’il convient d’anticiper.
Divorce en cours vs divorce définitif
Le statut d’héritier réservataire du conjoint prend fin uniquement après un divorce prononcé définitivement et non contestable (arrêt de la cour d’appel, extinction du délai d’appel). Le simple dépôt de la requête en divorce ou la désignation d’un juge aux affaires familiales ne modifie pas la qualité d’héritier. Jusqu’à l’homologation finale du divorce, même si l’époux est parti vivre séparément, il conserve ses droits successoraux.
Descendants d’une autre union
Lorsque le défunt a eu des enfants d’une précédente union, le conjoint survivant ne peut pas choisir l’usufruit de la totalité du patrimoine. Seule l’option de la pleine propriété d’un quart des biens lui demeure accessible. Les autres descendants, qu’ils soient mineurs ou majeurs, reçoivent la nue-propriété des 75 % restants, avec les droits et responsabilités qui en découlent. Cette règle évite de léser les enfants issus d’une autre relation et maintient un équilibre entre toutes les parties.
Les partages spécifiques et la fiscalité
Au-delà de la répartition légale, le conjoint survivant peut être amené à délivrer des concessions pour simplifier la liquidation du patrimoine ou réduire les droits de mutation. Par exemple :
- La remise de soulte : si certains biens immobiliers sont attribués à un héritier pour équilibrer la part du conjoint, une soulte (compensation financière) peut être versée.
- Le partage notarié anticipé : des conventions entre époux permettent de renforcer la protection du conjoint survivant avant le décès (donation au dernier vivant).
- L’abattement fiscal de 100 000 € sur la part reçue par le conjoint survivant réduit les droits de succession, quel que soit le régime matrimonial.
Ces mécanismes, bien que facultatifs, optimisent souvent les droits successoraux et limitent les coûts fiscaux. Ils nécessitent l’intervention d’un notaire et, fréquemment, d’un avocat en droit des successions.
Les droits du conjoint survivant dans la succession offrent une protection solide, mais plusieurs nuances légales et options patrimoniales sont à considérer selon votre situation familiale. Que vous soyez en présence de descendants, d’ascendants ou dans un contexte de divorce, votre statut d’héritier réservataire garantit une part minimale de la succession. Toutefois, pour exercer au mieux vos droits, il est recommandé de :
- Vérifier si vous pouvez opter pour l’usufruit total ou la pleine propriété d’un quart des biens.
- Examiner les conventions matrimoniales (donation au dernier vivant, pacte successoral).
- Consulter un notaire pour organiser la transmission et un avocat en successions pour défendre vos intérêts.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à faire appel à notre Cabinet d’avocats spécialisé en succession à Paris, à Lyon, à Nice ou à Rennes si vous avez une question sur la dévolution d’une succession en présence d’un conjoint survivant.

